Une voix dans la nuit

Lorsque je l’écoute,
Je perds le fil de la raison,
C’est la peur qui m’emprisonne,
Et c’est lui qui ordonne.

Je me noie dans ces profondeurs,
Et j’en perds toute ma saveur,
il m’attache au pinacle des inanimés,
Il me tient comme on enferme un prisonnier.

Je le regarde s’exprimer,
Je lui souris, je l’emporte dans mon paradis,
Il me craint, il sent que cela pourrait être la fin,

Je ne peux lui en vouloir,
De son immense pouvoir,
Mais un jour il devra abdiquer,
Et enfin tous nous libérer.

Ne le craignez pas,
Car de ses yeux il vous voit,
il attend le faux pas,
Se faufile dans vos moments de désarroi.

Accueillez-le comme un ami,
Regardez le et murmurez lui sans bruit,
Ouvrez lui enfin les yeux,
Chuchotez lui des mots d’amour lumineux.

Il n’est pas votre ennemi,
Même si c’est dans vos doutes qu’il vit,
Inutile de lui afficher un mépris,
Car c’est alors tout votre corps qui s’enfuit.

Et un fois que vous l’aurez apprivoisé,
De votre cage vous pourrez vous libérer,
Allumer la lumière du jour,
Vous envelopper du plus grand des amours.

Pause

Instant pure et lumineux,
Sensations d’abandon et de respect de soi,
Rien n’est plus alerte que le corps enchevêtré dans la terre,
Que le respiration s’entremêlant avec le soulèvement des nimbes de l’aurore.

Joie immuable qui jamais ne repart,
De faire un avec l’univers,
Ni peurs, ni ténèbres m’envahissent,
Délectation pure de ce qui est.

Sens en éveil,
Odeur disparate,
Son inaudible,
Regard pénétrant.

La nature se regarde,
Me nourrit,
Vertige extrême,
Je vole et je rêve.

Energie vivifiante,
De la vie qui ère ici bas,
De la force d’un corps,
Qui se nourrit de la fragilité ambiante.

San jugement ni certitude,
Délectation immédiate,
D’un trésor caché mais retrouvé,
D’une malle perdue dans le désordre d’un grenier.

Vibration

Chaud,
Sensation d’étouffement,
De ravissement,
Délicieux frémissement.

Ivresse du temps qui passe,
Rêve intact,
De ces secondes qui s’amassent,
De la multitude de nos actes.

Ni le bien, ni le mal,
Ne pas aller voir en aval,
Ce que l’on peut cerner en amont,
Ne pas se fier aux couleurs et aux tons.

Surprise,
Moi aussi je vibre,
Tendre vers ce lâcher prise,
Je ne cherche plus cette main mise.

Traversée

Je me suis engagé sur ce chemin pensant que rapidement j’irais mieux. Je me suis engagé dans une course effrénée où seul le premier se verrait remettre la coupe du vainqueur. J’ai lorgné vers le podium et pas question de se contenter de la seconde place. J’ai cru qu’il fallait se battre pour y arriver, pour franchir les obstacle. J’ai cru qu’il fallait gravir la montagne et comme les alpinistes chercher à atteindre le sommet. Mais gravir, cela fatigue les jambes. J’ai cru mais on sait tous que les croyances n’amènent pas à grand chose si ce n’est à l’égarement vers un nouveau royaume, celui des rêves et des chimères. Rêver, c’est se projeter dans ses fantasmes sans jamais pouvoir les réaliser. Agir, c’est rentrer dans une logique de processus de transformation et faire en sorte que personne ne puisse nous en éloigner. Je me suis alors demandé s’il n’existait pas un autre chemin qui ne demanderait pas tous ces investissements inhumains. Je n’ai rien trouvé. Pire, je me suis égaré. Je me suis éloigné de la source. J’ai eu soif car le désert dans lequel j’errais n’a fait que s’agrandir. Les dunes devenaient plus en plus hautes et il me devenait de plus en plus difficile de distinguer l’horizon. J’ai rencontré des oasis où me rafraîchir mais très rapidement leurs sources se tarissaient. J’ai vu des mirages plus resplendissant les uns que les autres mais dès que je m’approchais un peu trop près d’eux, leur image s’évanouissait. Je me suis alors retrouvé seul face à moi même, face à mes peurs, face à la réalité de ce qui est, de ce qui me façonne. Et je me suis rendu compte que jamais je n’avais regardé là où il fallait. C’est-à-dire en moi même. Le coeur est un muscle important et si on ne l’entretient pas correctement, il s’affaiblit. Je me suis affaiblis car j’ai nié l’existence de ce coeur. Je m’en suis exilé et j’ai perdu tout contact avec lui. Aujourd’hui, je sais qu’il bat en moi mais pas seulement comme un muscle mais aussi comme un ami qui sera à jamais présent pour moi et qui, si je prends la peine de l’écouter, me soufflera toujours de bons conseils.

Fausses pistes

Je sens qu’il ne me faudrait qu’un déclic pour passer du côté de la lumière et quitter enfin ce monde des ténèbres dans lequel je me complais depuis si longtemps. Ce monde où tant d’âmes ont élu domicile et plaisent à y demeurer de peur que ce brûlant soleil ne les éblouisse ou qu’il ne leur crève les yeux. Le sommeil est profond et j’hiberne depuis si longtemps que je ne sais plus depuis quand je n’ai pas entendu l’oiseau chanter ou vu l’arc-en-ciel se déployer. Qu’il semble lointain ce temps où je baignais dans l’insouciance la plus totale, là où mes plus grands espoirs se confondaient avec les plus interminables fous rires. Je ris moins en ce moment comme si je me prenais pour une entité supérieure. Les dieux n’auraient-ils plus le droit de faire fonctionner leurs zygomatiques ? Tout cela ne serait-il réservé qu’aux avortons appartenant aux sous classes de la conscience terrestre ? En fait, c’est moi qui devrait me faire rire. Je suis devenu imbu de moi-même, imbu des autres et du monde. Je me sens supérieur à ce qui m’entoure et pourtant tellement inférieur à ce qui règne en maître au plus profond de moi. Bien mal m’en a pris de ne prêter attention qu’à cette misérable petite voix qui ne me glisse que de faux espoirs ou m’envoie sur des pistes marécageuses sur lesquelles je ne fais que m’enliser. Les routes de mon existence sont glissantes mais finalement je n’ai encore que rarement perdu le contrôle de moi-même. Peut-être est-ce justement à ce contrôle, à cette résistance qu’il me faudrait renoncer pour que jamais je puisse dire: je regrette qui j’ai été et j’aspire à être ce que je voudrais devenir.

Règles de vie

– Autorise toi à réussir mais autorise toi aussi à échouer.
– Autorise toi à vivre des moments exceptionnels de bonheur mais autorise toi aussi à demeurer quelques temps dans de profondes souffrances.
– Autorise toi à vivre mais autorise toi aussi à mourir.
– Autorise toi à aimer mais autorise toi aussi à accepter d’être haï.
– Autorise toi à donner mais autorise toi aussi à ce que l’on te reprenne.
– Autorise toi à demeurer dans les richesses mais autorise toi aussi à vivre dans la plus profonde misère.
– Autorise toi à offrir de la sagesse mais autorise toi aussi à en recevoir des autres.
– Autorise toi à tendre la main mais autorise toi aussi à accepter celles des autres.
– Autorise toi à rêver mais autorise toi aussi à ne pas toujours pouvoir réaliser tes rêves.
– Autorise toi à rire mais autorise toi aussi à pleurer.
– Autorise toi jouir du moment présent mais autorise toi aussi à comprendre ton passé.
– Autorise toi à accomplir de grandes choses mais autorise toi aussi à douter de toi.
– Autorise toi à vivre selon certains préceptes mais autorise toi aussi à ne pas pouvoir atteindre toute forme de perfection.
– Autorise toi à t’amuser mais autorise toi aussi à demeurer dans le plus profond des silences.
– Autorise toi à être toi-même mais autorise toi aussi à te chercher.
– Autorise toi à dire ce que tu penses mais autorise toi aussi à accepter les blâmes.

Isolé

Ce monde n’est pas le miens,
Ce monde ne crée pas de liens,
Je m’y sens comme étranger,
Et y sombre dans ses frasques dorées.

Je ne suis que l’usurpateur,
Je fais partie de ceux qui font peur,
Mon message je le dit de plein droit,
Qu’ici bas personne ne peut faire sa loi.

Et quand j’essaye de crier,
J’ai l’impression de mal m’exprimer,
D’être dans l’erreur,
De ne pas faire partie de ces oiseaux charmeurs.

A quand donc les changements,
A quand donc les lendemains chatoyants,
Pouvons-nous encore l’espérer,
Et enfin cesser de pleurer.

J’ai du mal à le croire,
Lorsque je me regarde dans ce miroir,
Je ne vois qu’un voyageur égaré,
Qui se perd dans toutes ces contrées.

Ne voyant pas d’échappatoire,
De ce monde envahit par le noir,
Je ne peux me conformer,
A cette vie privé de liberté.

Alors je rentre dans ma bulle,
Pas parce que je me sens nulle,
Je préfère la paix de l’isolement,
Pour qui sait enfin me sentir vivant.

Combat

La montagne est si belle,
si on s’en donne la peine,
De l’arpenter par ses mille côtés,
De l’escalader jusqu’à ses neiges éternelles.

Je gravis les sentiers,
qui me mèneront à la félicité,
Les chemins escarpés,
Ceux où je me prendrai les pieds.

Et si je rencontre un animal,
Je sais qu’il ne me fera pas de mal,
Car il est aussi habité,
Pareil à moi de sa divinité.

Les variations de climat,
Ne me feront pas redescendre en bas,
Je lutterai de tout mon corps,
Et ce jusqu’à ce que vienne la mort.

Pourquoi devoir s’arrêter,
Parce que le terrain est enneigé,
Pourquoi vouloir rebrousser chemin,
Alors que l’on est déjà si loin.

J’ai beau essayer de me persuader,
Mais je ne peux m’y résigner,
Plus qu’un enfer,
C’est d’un paradis que recèle cette terre.

Difficile de l’entrevoir,
Ni même de l’apercevoir,
Au milieu de toute cette cruauté,
Au milieu de ces coeurs inanimés.

Pour que jamais je ne désespère,
Pour qu’un jour je puisse voir cette lumière,
A jamais je me battrai,
Pour sortir de cette obscurité.

Choisir sa vie

Le temps est gris,
La nuit s’étiole,
Toutes les mines sont aigris,
C’est mon intimité que l’on viole.
Je me laisse emporté,
Sur ce désert planétaire,
Ma tête est chamboulée,
Ne plus savoir à qui à faire.
Je pourrais y demeurer,
Dans ce néant controversé,
Je pourrais m’y complaire,
Même si je sais que je ne pourrai jamais m’y plaire.
Alors j’ajuste ma vue,
Je regarde les couleurs,
Je chasse toutes ces peurs,
Tous ces mots à moitié lus.
J’ai le choix entre vivre en enfer,
Ou demeurer au paradis,
Entre rester dans ma bulle en verre,
Ou m’ouvrir à la vie.
Il est simple de choisir,
Le verre à demi vide,
Il est plus compliqué de goûter,
Aux mets les plus raffinés.
On aurait peur de s’empoisonner,
De se retrouver prisonnier,
Des petits plaisirs de l’existence,
Ceux qui peuvent nous mettre en transe.
Alors à vous de choisir,
Entre le meilleur et le pire,
Entre les ténèbres,
Ou la lumière.

Seul

Seul devant la fenêtre,
Je contemple le monde,
Je regarde les gens marchés,
Se frayer un chemin ou alors s’égarer.
Seul devant la fenêtre,
Je me noie dans ce silence,
Le temps lui avance,
Mais ce n’est pas à lui que je pense.
Seul au milieu de cette pièce,
Mes doigts frolent le néant,
Je sombre au milieu des océans,
J’attends mais je ne vois rien venir.
Seul au milieu de cette pièce,
Je m’égards,
Je titube au milieu de ces regards,
Qui me scrute hagard.
Seul dans la nuit,
Je me tais ou je me fuis,
J’entonne toujours ce même refrain,
Je me persuade que rien ne m’atteint.
Seul dans la nuit,
Où bonheur rime avec ennui,
Je me dis que le temps pourrait s’arrêter,
Que rien ni personne ne pourra bouger.
Seul en cet instant,
Le bruit de ma respiration m’enveloppant,
Je me dis que tout pourrait être parfait,
Le beau comme le laid.
Seul avec mes songes,
Et accompagné de mes mensonges,
De cette fureur qui me ronge,
Vais je rester au bord de la falaise ou enfin je plonge…